Ndlr: Suite au tremblement de terre et autres péripéties qui ont frappé le Japon depuis le 11 mars 2011, Aurélie et sa famille se voient obligés de fuir le pays. Mais, comme ils rencontrent pas mal de difficultés à quitter le pays par un avion normal, ils finissent par choisir la solution offerte par le gouvernement français: une sorte de rapatriement, avec des gens du ministère et même des militaires. Après avoir beaucoup attendu, Aurélie est enfin dans l'avion qui la ramène en France. Elle raconte ses aventures alors qu'elle survole le nord de la Finlande: après avoir attendu une après-midi à l'aéroport d'Osaka, elle écrit qu'elle quitte le Japon pour la Corée du Sud...
Vendredi | Samedi |
Arrivée de Marc, à Osaka (Midi) | Attente à l'aéroport d'Osaka (jusqu'à 22h) Départ pour Séoul (22h) | Arrivée à Séoul (minuit) Attente à Séoul (jusqu'à 14h) | Départ pour Paris (14h) Dans l'avion, Aurélie écrit... Elle arrivera en France à minuit (ou 16h, heure française) |
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Ce n'est qu'un Sayounara.
Oui. C'est ça. C'est exactement ce que je me suis dit quand nous avons décollé d'Osaka pour Séoul vendredi soir. Une semaine avant, j'attendais mes parents à la maison inquiète, après le séisme. C'est bizarre. Cette dernière semaine était passée si vite !
Et on a enfin atterri à Séoul, une heure et demi plus tard. Il était vraiment tard, plus d'une heure du matin, et j'étais très fatiguée. Mais le voyage n'était pas encore terminé. D'abord, on nous avait emmené en Corée du Sud à Séoul pour nous protéger des risques qui existaient apparemment au Japon. Et ensuite, nous allions prendre la direction de la France. Un grand avion était sensé nous emmener dès le lendemain... mais comme il était tard, les autorités nous ont dit que l'on dormirait à l'aéroport: pas le temps d'aller à l'hôtel.
Bien sûr, certaines personnes ont un peu râlé. Mais bon... Difficile de ne pas obéir aux autorités et de faire autre chose. Après tout, nous n'avions que des yens sur nous et même pas de monnaie coréenne, le Won. Bien sûr, ils prenaient la carte Bleue, mais c'était plus compliqué. Alors, il fallait attendre. Le samedi matin (ce matin ^^), il fallait s'enregistrer à 8h. Alors, ce matin, le réveil devait sonner à 7h. On a été installé dans une loge VIP avec des fauteuils et de la moquette et mes parents nous ont laissé dormir sur les fauteuils... mais la nuit a été courte quand même.
Enfin... On s'est finalement réveillés à 10h en fait avec mon frère. Ma maman veillait sur nous pendant que mon père était allé faire la queue seul pour nous enregistrer. Pas très réglementaire, mais c'est le privilège des familles avec enfants. En attendant que mon père ne reviennent, Maman nous a donné des biscuits que Sakura lui avait donné. Il est finalement revenu avec les cartes d'embarquement et il a bientôt été l'heure de se quitter la loge: l'embarquement était à midi.
L'aéroport qui était vide à une heure du mat' était à présent plein de monde et de bruit ! Impressionnant, on se serait cru à Tokyo ! On a eu un peu de mal à trouver la bonne salle d'embarquement: il y en avait tellement ! Mon frère m'a dit que c'était normal: les aéroports de Corée du Sud et du Japon avaient été refaits en même temps pour la Coupe du Monde de 2002... ça m'a étonné qu'il sache ça: il n'était même pas né en 2002 !
Et puis il a enfin été l'heure de décoller pour Paris.
Ouf !
On allait enfin arrêter d'attendre et se voir servir un vrai repas. Français. Bizarre les couverts quand on a mangé pendant six mois avec des baguettes... mais essayez de manger des coquillettes à la sauce tomate avec des baguettes et vous verrez l'utilité de la fourchette ;)
Et puis, après toute ces émotions, je me suis endormie sans mal...
Pour me réveiller plusieurs heures après au dessus de la Finlande, donc... Il y a quelques vibrations actuellement qui m'ont réveillé, je pense. Je devrais avoir peur d'ailleurs... Mais c''est drôle. Il y a six mois, j'avais peur de l'avion. Pas aujourd'hui. On change en six mois. Et aussi en une semaine: il faut dire que cette dernière semaine a aussi été plutôt mouvementée...
Même si ce n'est pas la seule chose dont j'ai particulièrement envie de me souvenir. Le Japon, Tokyo... Ce ne sont pas ma prison. Ce ne sont pas uniquement des lieux de peur, de mort. Pas uniquement une ville radioactive ou une île exposée aux éléments. Non.
Le Japon, Tokyo, pour moi, c'est d'abord des rencontres, des amis, des aventures, des découvertes, des merveilles, des déceptions aussi... C'est six mois de folie.
Et non, fichu séisme, tu ne me les piqueras pas ces six mois. Pas en une semaine. Et puis, c'est sûr, tu ne m'empêcheras pas de revenir. Si il y a bien quelque chose de sûr aujourd'hui dans ma tête c'est que je reviendrais.
Le plus tôt possible.
Ou plus tard, si les éléments (ou mes parents...) ne me le permettent pas.
Mais je reviendrais. 帰る* !
Et en attendant, 頑張って, 日本** !
@++
Biz
Aurélie
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Note de Marc, le Papa:
* 帰る/Kaeru : Je reviendrais.
** 頑張って, 日本/Ganbatte, Nihon : Courage, Japon !